Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Science Pastafariste
28 février 2010

Un héritage Islamique : La démocratie grecque...

La démocratie grecque a éclaté, passée sous la férule d'Alexandre le Grand. Au demeurant, c'était une démocratie élitiste, mais c'était l'ancêtre des nôtres.
Mais elle avait déjà conquis le coeur des Romains, qui l'imitèrent dans leur république avant même de les envahir : Un premier exemple où le conquérant adopte la philosophie du vaincu.
La grandeur des romains a plus tenu au brassage des cultures conquises (sa Babellisation), qu'à leur génie romain en soi : Grecs, assyriens, égyptiens, carthaginois, hébreux, celtes (et surtout phocéens).

Et puis, la république a périclité en empire après J. César. Restait l'héritage culturel tout de même...
Mais qui faillit disparaître à jamais sous le double coup des invasions barbares en occident vers 500 ap JC, et de la christianisation.
En effet les barbares (ostrogoths, wisigoths, vandales, Francs, etc.), démantelèrent l'ouest de l'empire, plus préoccupés à s'en disputer la géographie que sa culture : La loi du plus Brutal dans ses conquêtes n'avait que faire des lumières philosophiques de la démocratie.
Heureusement ou malheureusement, la chrétienté avait eu le temps de s'implanter profondément dans l'empire, et finalement les conquérants l'adoptèrent (plus que la philosophie).
N.B. : encore une Foi... le conquérant est souvent plus culturellement conquis par ses vaincus que le contraire.

La chrétienté eu pu paraître un modérateur de la barbarie, mais pas vraiment.
Il faut revenir aux fondements de la démocratie, pour comprendre ce paradoxe.

La démocratie est l'antithèse du despotisme. Le despotisme, c'est la concentration des pouvoirs, qui ne peut s'appuyer que sur l'écrasement de toute contestation du pouvoir.
Philosophiquement, c'est l'instauration d'une pensée unique du style : "Le chef a toujours raison" . Pourquoi ? Parce qu'il est le plus fort ! Mais accessoirement, pour pérenniser  le pouvoir face aux renversements des rapports de force, L'idée qu'on tient son pouvoir d'une volonté divine (Force Supérieure, donc inattaquable) peut aider à figer les choses.

En ce sens, l'irruption du monothéisme est un grand progrès : Autant dans le polythéisme auparavant, chaque prétendant pouvait se ranger sous la banière de son dieu emblématique pour remettre en cause la protection  d'un concurrent par une autre divinité... Autant, désormais cette unicité de parrainage divin stabilise les choses. Cela induit une pensée unique indiscutable : Dieu est l'unique explication de toutes choses en ce bas monde, et le monarque tient son pouvoir de ce dernier : Toute autre forme de pensée est un blasphème interdit, qui voue non seulement à l'enfer, mais à la torture, la mort, la guerre sainte.

C'est le règne de la pensée unique qui justifie le despotisme, mais aussi et surtout la sclérosisation de la société et de l'économie (Moyen-âge). Toute innovation (sociale, culturelle, technologique, commerciale) est soumis à l'approbation frileuse des pouvoirs en place car vécue par eux comme une menace potentielle de déstabilisation, et la société y végète.

Le pouvoir temporel est adoubé par le pouvoir spirituel : L'unicité du "bon" pouvoir spirituel (qui adoube les monarques) est garantie par la coercition despotique de ces derniers. Il s'agit d'un tandem diabolique.

Au contraire, la démocratie est une compétition de projets : La concurrence au point de vue d'idées librement défendues et donc indépendantes de toute forme de coercition.

Il n'y s'agit pas seulement des idées politiques, mais donc, par extension, de toutes formes d'innovations intellectuelles, techniques, spirituelles. Ainsi la Grèce n'était pas seulement une démocratie, mais aussi un centre de bouillonnement culturel, scientifique, et philosophique, commercial in fine.

Car ce faisant la science, la technique, le commerce, la philosophie n'avaient que peu de compte à rendre au politique, et à la religion. Au contraire même : un bon entrepreneur commerçant pouvait briguer les suffrages par son investissement financier dans la cité, et les scientifiques ou philosophes qu'ils subventionnaient n'étaient pas tant ses obligés que ses "faire valoir". De même, la puissance commerciale et militaire d'une cité-état, consacrait l'importance de son Dieu protecteur plus que l'inverse (Athènes - Athéna).

Mais donc, les scories de l'empire d'occident avait bel et bien oublié cet âge d'or.

Heureusement, ces valeurs avaient subsisté à Byzance, non que ce soit une démocratie, mais elle restait l'héritière de ce prestigieux passé, et le pouvoir impérial reposait grandement sur des administrations largement déléguées.

Et l'Islam dans tout ça ?

Eh bien, les arabes ont vite conquis d'immenses territoires, et ont très vite compris qu'ils n'avaient pas les moyens d'imposer leur religion, et leur culture, à ce nouvel empire.

D'ailleurs, ce peuple fruste du désert arabique badait plutôt devant les cultures séculaires des vaincus. Tout de même... le sud et l'est de l'empire Romain : héritier de Carthage, des grecs, des hébreux, chrétiens, des égyptiens. Et puis les perses (héritiers des mésopotamiens) ; de l'Andalousie aux abords de l'Inde, et plus tard Byzance, la Grèce et les balkans, jusqu'au devant des Slaves et de la Chine.

Notons au passage que la Mésopotamie dut son essor au mélange prototypique des cultures qui s'y croisaient. La Grèce était une mosaïque de cités états de même. L' Empire Romain également fut une mosaïque de cultures ; Les USA sont le fruit d'un "melting pot", et l'Islam fut aussi d'abord bénie de son brassage de cultures en son sein.

Donc dans un premier temps, les Arabes s'instruisirent aux contact de ces civilisations sans ostracisme Chacun put y vivre sa religion et sa culture : Bref leur "empire" se "Babellisa", Et le vainqueur hérita encore de la culture de ses vaincus. Bon, comme les non croyants payaient plus d'impôts que les musulmans, leur monde s'islamisa peu à peu.

Ils commercent avec tous leurs voisins de façon pragmatique, sans distinction culturelle ou religieuse. Pour ainsi dire, dans une certaine liberté quand au pouvoir spirituel et temporel.

De fait, c'est l'age d'or de l'Islam, La science, la culture, le commerce y sont florissant, les philosophies des autres cultures y ont droit de cité, quasi indépendamment des pouvoirs religieux et politiques, voir même subventionnés par eux parfois. Alors que les cités occidentales végétaient au 11e s. : 30 villes de plus de 20 000 d'âmes alors* : Moscou 120 000, Venise 100 000, Gènes 75 000, Paris 50 000, Londres 25 000) ; les cités arabes prospéraient (Bagdad comptait déjà 1 000 000 d'habitants en 950).


Civilisations: Découvertes Antiques e16p1 envoyé par GlobZOsiris.
Civilisations: Découvertes Antiques e16p2 envoyé par GlobZOsiris.
Civilisations: Découvertes Antiques e16p3 envoyé par GlobZOsiris.

Ce que l'on voit ici au plan technique l'est aussi auplan philosophique, mais pas d'idéalisme tout de même : Il s'agit de conquêtes, et de rapports dominants - dominés. Mais certains grands penseurs intègrent divers apports de différentes cultures à l'Islam, et il n'y a pas au départ de courants précalibrés et définis, même si le jeu consiste essentiellement à faire coller ces apports avec l'Islam, pour l'enrichir et le cautionner (la question ne se pose même pas). (d'Al Fârâbî à Averroès...)

La philosophie y prône que le but de l'existence est d'atteindre le bien par la connaissance pragmatique et méthodique de toute choses, ceci tiré des enseignements grecs (Aristote et Platon notamment), sans omettre d'autres apports (indiens et perses). Notons que la culture n'y fait qu'un tout : La connaissance est un corpus indissociable, de la philosophie aux mathématiques, en passant par l'anatomie, la théologie, ou les arts. Le bien c'est la connaissance de toutes choses, dans une optique pragmatique ; Il faut que la connaissance apporte quelque chose de positivement concret. A son apogée cette pensée va évoluer vers l'idée d'une séparation des disciplines, se complexifiant elles appellent une spécialisation, avec pour conséquence une distanciation aussi entre la théologie et les autres disciplines, et notamment la philosophie qui commence à théoriser ce mouvement.

A partir du 11e s., deux poussées inexorables vont réinjecter cet héritage en occident chrétien : l'Andalousie est lentement grignotée pas les chrétiens -> 1494, tandis qu'au contraire Byzance s'effrite à l'est ->1453.

L' Espagne traduit les textes des philosophes arabes, et renvoie les juifs qui se réfugient en Italie (entre autres), et les byzantins se réfugient aussi en Italie. Ce qui initiera la renaissance italienne, d'un coté ; En redonnant ses lettres de noblesse à l'héritage grec notamment.

Au travers la liberté de ton induite par la renaissance italienne, l'idée d'une séparation des sciences et la philosophie, des pouvoirs politico-religieux, a fait son chemin ; voir une distance quand à la pensée théologique vis à vis du pouvoir papal. L'invention de l'imprimerie enfoncera le clou, et la réforme protestante prendra son essor (1521), initiant aussi la séparation des pouvoirs terrestres et spirituels. Montaigne, Descartes, Bayle, et bientôt la philosophie des lumières prendront le relais ramenant les précepts grecs définitivement sur le devant de la scène.

On ne peut dire que l'Islam se soit fait le gardien de la pensée grecque, ni qu'il nous ai retransmis sciemment sa sagesse, mais il a contribué à la sauver de l'oubli, et à réveiller notre intérêt pour elle.

Paradoxalement, c'est au moment où il nous a permis de sortir progressivement de l'obscurantisme moyenâgeux, que l'Islam s'est replié sur une pensée plus théocratiquement coercitive de la philosophie, avec les même effets sur les progrès sociaux, techniques, commerciaux que dans l'occident médiéval, tandis que ce même occident prenait son essor économique et social grâce à son émancipation du despotisme intellectuel politico-religieux.

3 raisons à ce déclin Islamique :

 1 / Les croisades : L'Islam se confronte à l'échec. De tout temps les peuples ont guerroyé au nom et sous la protection de leur divinités (même Bush, c'est tout dire). Perdre c'est déchoir du statut de peuple élu : couroux divin ? Le doute ronge les fondations. Il s'agit de reconquérir les faveurs divines. Le coup de grâce sera porté par l'invasion mongol au 13e s.

Exit bilveusées philosophiques, et pragmatisme "païen".

2 / Une nouvelle défiance envers les petits cousins du livre donc (talmud, bible et évangiles) : Ils ne savent plus rester à leur place, et les non musulmans sont désormais vécu comme une 5e colonne.

Exit la condescendance envers les étrangers de la "vraie foi" et leurs apports, et repli paranoïaque sur soi.

3 / Les arabes ont digéré les cultures des vaincus au point d'avoir dépassé leurs maïtres, puis les progrès de l'islamisation des populations leur permettent désormais de s'imposer plus surement. Désormais ils peuvent s'affranchir de tout savoir exogène.

Exit le brassage des cultures, et les apports externes.

Bref, Al-Ghazalî posa au 11e s. les bases d'un corpus des connaissances centré sur la théologie, contre les philosophes taxés de dérives impies, et contre donc une science qui ne serait pas affiliée aux dogmes de la foi. Au 12e s. Averroès contre attaqua, mais il fut exilé comme hérétique. Le sultan andalous Abû Yûsuf Yaqûb Al-Mansûr fait interdire la philosophie, les études et les livres, comme dans le domaine des moeurs, il interdit la vente du vin et le métier de chanteur et de musicien. Le sort de l'ouverture intellectuelle était désormais scellée en Islam occidental ; Elle survivra en Inde épargnée par les soubresauts occidentaux.

Il convient désormais de relativiser l'ouverture d'esprit de l'Islam classique. Ce n'était pas un havre de tolérance tel qu'on le conçois dans nos civilisations désormais laïques. Mais tant qu'à relativiser, autant aller jusqu'au bout, et resituer l'Islam classique dans son époque. Et là force de constater que face à l'obscurantisme médiéval, l'Islam apparaissait comme fort éclairé en rapport.


perdu ? la carte aux trésors           Râmen

carte4

  compteurs    



Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Science Pastafariste
  • Le Monstre en Spaghetti Volant (Notre Créateur voici 5000 ans) se rit de la science officielle. "IL" tronque les résultats des expériences scientifiques par son toucher nouilleux pour faire croire aux scientifiques que la science existe.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité